La quête des Crystales
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Un autre monde où la magie règne...à l'aide de crystales
 
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 La lettre morte

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Lenya
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Lenya


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MessageSujet: La lettre morte   La lettre morte EmptyMer 18 Jan à 12:39

(version BenJ)

Comme à tous les matins, Antoine arriva à son bureau dans le grand établissement de Poste Canada où il occupait le poste de commis au retour des lettres. Il arrivait de son petit appartement miteux du centre-ville montréalais où il y vivait seul. Il survivait de peine et de misère avec son maigre salaire qui parvenait à peine à combler ses besoins vitaux. Il s'installa sur son petit banc de bois qui craqua à son arrivé en signe de bonjour quotidien et commença immédiatement à trier les lettres qui avaient été apposées sur le bureau durant la nuit. Un préposé vint vers son bureau, une lettre à la main. C’était un homme noir à la carrure imposante, mais qui était joviale et enthousiaste à parler de la pluie et du beau temps. Il lança sur sa table de travail la lettre qu'il détenait. Elle semblait tout à fait ordinaire, blanche, de format régulier.

-Tiens une autre «dead letter», affirma le visiteur d’un ton désintéressé.
-Une autre! S’exclama Antoine. Ça doit ben faire la douzième cette semaine.

Il regarda l'adresse inscrite à la main avec de l'encre noire dans le haut de l'enveloppe.

-Et c'est toujours la même adresse.

L'homme noir quitta les lieux sans faire de commentaires. Ce que cet homme avait qualifié de «dead letter», ou lettre morte si vous préférez, est une lettre qui n'a jamais été livrée parce que la personne à qui elle s’adresse ne peut être trouvée, et elle ne peut être renvoyée à celle qui l'a écrite. La procédure habituelle dans ces cas était de passer la lettre au déchiqueteur sans la lire et c'est ce que le brave Antoine faisait la plupart du temps. Il lui arrivait cependant d'en lire quelques-unes afin de se distraire. Souvent, il s'agissait d’un amoureux écrivant une lettre à sa dulcinée pour lui témoigner de son amour ou bien pour rompre définitivement tous les liens qu'ils avaient pu bâtir ensemble. D'autre fois c'était une simple erreur dans l'adresse et la personne avait omis d'écrire l'adresse d'où elle provenait.

La curiosité du jeune commis avait été piquée. Pourquoi y en avait-il tant en si peu de temps? C’était plutôt anormal comme situation, il fallait qu'il ouvre cette lettre pour en avoir le cœur net. Mais s'il agissait de la sorte, il risquait de perdre son emploi. Car comme il se l’était fait dire par ses collègues de travail, certains avaient omis de respecter ces règles, après tout ça ne fait mal à personne, et ils s’étaient fait renvoyer peu après. Le patron les avait sûrement surpris. Mais lui il n’allait pas se faire prendre. Il était trop malin pour commettre une telle sottise. Ce n'était certes pas un emploi très payant, mais il y tenait et ne voulait pas perdre son seul revenu financier. . Il laissa donc la lettre sur son bureau et finit son travail quotidien. Il quitta son bureau vers cinq heures du soir, la lettre bien rangée dans son classeur. Il débarra la porte de l'appartement numéro 6 et entra dans le petit trois et demi qui donnait une magnifique vue sur la ruelle. Il déposa la lettre sur la table du salon et s'afféra à quelques tâches du train-train quotidien. La lettre n'allait certainement pas disparaître ou encore s'envoler. Il avait encore beaucoup de temps devant lui, n'ayant que vingt-six ans, il avait encore la vie devant lui.

Le moment était venu, il s'installa sur son divan deux places et contempla longuement la lettre qui virevoltait habilement entre ses doigts. Il la regarda à travers la lumière, elle ne contenait apparemment ni argent, ni chèque. Elle semblait n'être qu'une lettre bien ordinaire comme il avait bien souvent ouvert, mais celle-ci ne semblait pas comme les autres. Il y avait comme une petite voix dans sa tête qui lui disait de prendre garde et de ne pas ouvrir cette lettre. Il fit taire cette satanée voix, pris son courage à deux mains et décacheta lentement la lettre.

La sueur perlait sur son front, il se mettait évidemment beaucoup trop de poids sur les épaules Il exagérait évidemment l’ampleur de ses actes. Il s’imaginait que la lettre contenait une bombe et qu'il était un agent secret engagé pour désamorcer de ses doigts habiles. Il extirpa délicatement la lettre. Non, il ne pouvait pas prendre ce risque. Du moins pas seul. Il décrocha le combiné et composa le numéro de sa fidèle amie qui ne l'avait jamais trahit depuis leur rencontre au secondaire. Il avait en elle une entière confiance et elle n'était pas du genre à aller raconter ce qui allait se passer à qui que se soit. Il attendit patiemment que l'on décroche à l'autre bout du fil.

-Oui allô!
-Euh Cath... c'est Antoine. Je ne te dérange pas trop?
-Non non, je finissais de souper. Que se passe-t-il, tu as l'air troublé?
-Eh bien, j'aurais besoin de toi maintenant. Peux-tu venir chez moi?
-Oui j'arrive tout de suite.
-Merci salut.
-À tantôt.

Ils raccrochèrent le combiné. Antoine attendit encore que son amie sonne à sa porte ce qu'elle fit dix minutes après leur brève discussion. Elle restait à quelques rues de chez lui et elle s’était dépêchée, car son ami l'avait bien inquiété. Elle enleva son manteau et ses bottes ainsi que son écharpe qui pendait à son cou. Elle suivit son vieil ami au salon où il l'avait conduit sans dire un mot, histoire d'inquiété encore plus Cath qui se rongeait les sangs maintenant. Il s'assied sur le divan, devant la fameuse lettre qu'elle ne connaissait pas. Elle prit place sur le sol, assise en tailleur en face de lui, la lettre et la table les séparant. Il lui expliqua les faits en quelques minutes à peine dans les moindres détails.

-Ah c'est seulement ça!
-Ne ris pas de moi, dit-il d'un air offensé.
-Mais voyons, Antoine, tu n'es plus un gamin.
-Oui je sais bien, mais je me suis dit que ça nous rappellerait le temps où nous jouions à
Ouija dans le grenier de ta maison.
-Bon si tu y tiens. Tu ouvre l'enveloppe?
-Non vas-y, à toi l'honneur.

Elle tendit le bras, prit la lettre dans un geste désintéressé et retira l'unique feuille de papier que contenait l'enveloppe. Elle la déplia en silence, délicatement pour se venger à son tour de l'angoisse que lui avait causée son compagnon. Elle parcourut les quelques lignes rapidement. Son visage exprima un signe d'agacement, elle tendit la feuille à son compagnon pour qu'il puisse juger par lui-même du contenu de la lettre. Il la lut rapidement lui aussi ses yeux parcourant la page de gauche à droite. Lorsqu'il eut enfin fini son visage se figea et il échappa la lettre qui glissa sous la table.


Ce qu’il y avait dans la lettre était monstrueux, l’auteur était un psychopathe qui racontait comment, par des moyens barbares, il avait tué et décapiter pour ensuite cacher sa pauvre victime. Il disait également où il avait caché le corps. C’était horrible et Cath restait là sans broncher. Il restait cependant figé de stupeur.

- Tu ne vois pas que c’est un canular Antoine! Tu ne vas pas croire que c’est vrai. Ah et puis, je suis fatiguée et j’ai du travail à faire moi. Ne me dérange plus pour de pareilles sottises.

Antoine ne dit toujours rien. Il était en état de choc. Si ça se trouve, les autres lettres étaient du même auteur et racontaient, elles aussi, le meurtre de pauvres innocents. Il devait le dire à la police c’était son devoir de citoyen de dénoncer le crime à la police. Et si le meurtrier le retraçait et qu’il se vengeait? Non, il ne pouvait pas le dire à la police et puis de toute façon la victime était déjà morte. Pourquoi risquerait-il sa vie pour la découverte d’un corps mutilé. Il se coucha donc et dormit d’un sommeil agité. Il retourna le lendemain matin à son pénible travail. Il effectua ses besognes machinalement en espérant recevoir une autre de ces fameuses lettres. Ce qui n’arriva pas.

Le lendemain, il y avait une lettre sur son bureau. C’était une «dead letter» qui provenait de l’adresse qui se retrouvait également sur les autres enveloppes. Il la décacheta rapidement, avec hâte. Il lut le contenu avec empressement, celle-ci ne mentionnait pas le meurtre d’une jeune personne, mais bien un attenta terroriste qui devait avoir lieux le midi même , dans le métro, à l’heure de pointe. Les vies de centaines de personnes innocentes étaient en jeu Il ne pouvait laisser faire ça. Il décrocha le combiné, enfonça son doigt sur les boutons enclenchant trois tonalités. Il criait presque après la dame au bout du fil qui lui disait tant bien que mal de se calmer. Elle finit par comprendre le message et déclencha une espèce d’alerte au terroriste. Elle prit tout de même le nom d’Antoine avant de raccrocher.
Toutes les unités spéciales se sont empressées sur les lieux du futur crime. Ils fouillèrent de fond en comble tout le métro sans rien trouver. Comme l’avait prédit son amie ça devait forcément être un canular. Il suivait ce qui se passait par l’intermédiaire des journaux télévisés. Plusieurs heures plus tard ,alors qu’il apprit que tout était maintenant sécuritaire pour les passagers du train souterrain, il se fit appeler un bureau du patron. Il frappa à la porte et on le somma d’entrer.
- Bonjour monsieur. Dit-il anxieux.
- Bonjour, je dois vous informer que je suis peu fier de vous, Antoine.
- Et pourquoi donc?
- Vous avez ouvert les «dead letters».
- Pourquoi dites-vous cela?
- Tu ne comprends pas Antoine? C’est moi qui aie écrit ces lettres pour voir si tu effectuais correctement ton travail. Avec ce qui c’est passé, je ne peux que vous congédier sur-le-champ.

Antoine quitta la pièce, ramassa ses affaires et parti chez lui. Il fut surpris de trouver deux policiers en avant de son appartement. Les policiers l’informèrent qu’ils devaient l’arrêter, car il avait donné de fausses informations à la police causant le trouble de l’ordre publique. Il fut ensuite jugé et condamné à 1 ans de pénitencier. Si seulement il n’avait pas ouvert cette maudite lettre!
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Lenya
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MessageSujet: Re: La lettre morte   La lettre morte EmptyMer 18 Jan à 12:40

(version lili)

Comme à chaque matin, Antoine arriva à son bureau dans le grand établissement de Poste Canada où il occupait le poste de commis au retour des lettres. Il arrivait directement de son appartement miteux dans le centre-ville de Sherbrooke, où il vivait seul, sans luxe, car son maigre salaire parvenait à peine à combler ses besoins vitaux. Il s'installa sur son petit banc de bois et commença immédiatement à trier les lettres qui y avaient été déposées durant la nuit. Un préposé vint vers son bureau une lettre à la main. C'était un homme de race noire à la carrure imposante. Il lança sur sa table de travail la lettre qu'il détenait. Elle semblait tout à fait ordinaire, blanche, de format régulier.

-Tiens une autre «dead letter», dit-il d’un ton blasé en la tendant vers le commis.
-Une autre! s’exclama ce dernier. Ça doit bien être la douzième cette semaine, je me demande...

Il regarda l'adresse inscrite à la main avec de l'encre noire dans le haut de l'enveloppe.

-...et c'est toujours la même adresse.

L'homme Noir quitta les lieux en haussant les épaules. Ce qu’il avait qualifié de «dead letter», ou lettre morte, est une lettre qui ne peut être livrée parce que la personne à qui elle est destinée ne peut être trouvée, et aucune adresse de retour n’est indiquée. La procédure habituelle dans ces cas était de passer la lettre au déchiqueteur sans la lire et c'est ce que le brave Antoine faisait la plupart du temps. Il lui arrivait cependant d'en lire quelques-unes afin de se distraire, car son travail était mortellement répétitif. Souvent il s'agissait d’un amoureux écrivant une lettre à sa dulcinée pour lui témoigner son amour ardent ou bien pour rompre définitivement tous les liens qu'ils se partageaient. D'autre fois, c'était une simple erreur dans l'adresse et la personne avait omis d'écrire son adresse.

La curiosité du jeune commis avait été piquée, il fallait qu'il ouvre cette lettre pour en avoir le cœur net. Cependant, s'il agissait de la sorte, il risquait de perdre son emploi, qui n'était certes pas très payant, mais Antoine ne voulait pas perdre son seul revenu financier. Il laissa donc la lettre sur son bureau et fini son travail quotidien. Il retourna chez lui vers cinq heures, la lettre bien dissimulée dans son manteau. Il débarra la porte de l'appartement numéro 6 et entra dans son petit trois et demi avec vue sur une ruelle. Il déposa la lettre sur la table du salon et s'affaira à ses quelques tâches du train-train quotidien. La lettre n'allait certainement pas disparaître ou encore s'envoler. Il avait encore beaucoup de temps devant lui, n'ayant que 26 ans, il avait encore la vie devant lui.

Le moment était venu, il le sentait, et il s'installa sur son divan de deux places et contempla longuement la lettre qui virevoltait habilement entre ses doigts entraînés. Il la regarda à travers la lumière, elle ne contenait apparemment ni argent, ni chèque. Elle semblait n'être qu'une lettre bien ordinaire comme il en avait bien souvent ouvert, mais il avait l’intuition qu’elle n’était pas comme les autres. Une petite voix dans sa tête lui disait de prendre garde et de ne pas ouvrir cette lettre, mais il la fit taire, pris son courage à deux mains et décacheta lentement la lettre.

La sueur perlait sur son front. Ses doigts tremblaient légèrement, et son pouls avait accéléré. Il se mettait beaucoup trop de poids sur les épaules, il agissait comme si la lettre contenait une bombe et qu'il était un agent secret engagé pour désamorcer de ses doigts habiles! Secouant sa tête pour s’éclaircir les idées, il extirpa délicatement la lettre de son enveloppe bon marché. Non, il ne pouvait pas prendre ce risque. Du moins pas seul. Il décrocha le combiné et composa le numéro de sa fidèle amie qui ne l'avait jamais trahi depuis leur rencontre au secondaire. Il avait en elle une entière confiance et elle n'était pas du genre à aller raconter ce qui allait se passer à qui que se soit. Il attendit patiemment qu'on l'on décroche à l'autre bout du fil.

-Oui allô!
-Euh Cath... c'est Antoine. Je ne te dérange pas trop?
-Non non, je finissais de souper. Que se passe-t-il, tu as l'air troublé?
-Eh bien, j'aurais besoin de toi, maintenant. Peux-tu venir chez moi?
-Oui, bien sûr, j'arrive tout de suite.
-Ah, merci, tu me sauves la vie!
-À tantôt...

Ils coupèrent la communication. Antoine attendit fébrilement que son amie sonne à sa porte, ce qu'elle fit dix minutes après leur brève discussion. Elle habitait à quelques rues de chez lui et avait couru tout le long du chemin, car Antoine l'avait bien inquiété. Elle enleva son manteau, ses bottes ainsi que son écharpe, qui pendait à son cou l’année durant. Elle suivit son vieil ami au salon où il l'avait conduit sans dire un mot, histoire de l'inquiéter encore plus, qui se rongeait les sangs maintenant. Il s'assied sur le divan, devant la fameuse lettre dont elle n’avait jamais entendu parler. Elle prit place sur le sol, assise en tailleur en face de lui, la lettre et la table les séparant. Il lui expliqua les faits en quelques minutes, dans les moindres détails.

-Ah c'est seulement ça! s’exclama-t-elle, soulagée et tout de même un peu fâchée.
-Ne rie pas de moi, dit-il d'un air offensé.
-Mais voyons, Antoine, tu n'es plus un gamin! Il est passé, le temps où on s’amusait à imaginer que nous étions des espions au service du FBI...
-Oui, je sais bien, mais je me suis dit que ça nous rappellerait le temps où nous jouions à
Ouija dans le grenier de ta maison également...
-Bon, si tu y tiens. Qui lis la lettre en premier?
-Vas-y, à toi l'honneur.

Elle tendit le bras et prit l’unique feuille de papier dans un geste désintéressé. Elle la déplia en silence, délicatement pour se venger à son tour de l'angoisse que lui avait causée son compagnon. Elle parcourut les lignes rapidement. Son visage exprima un signe d'agacement, puis elle tendit la feuille à son compagnon pour qu'il puisse juger par lui-même du contenu de la lettre. Il la lut rapidement lui aussi, ses yeux parcourant la page de gauche à droite. Lorsqu'il eut enfin fini, son visage se figea et il échappa la lettre qui glissa sous la table. Comment cela était-il possible?

-Il me semblait que des lettres d’amoureux transis, tu en recevais par pelletée à chaque semaine! s’écria Catherine, irritée d’avoir été dérangée et inquiétée pour une affaire aussi minable. Tu m’as dit toi-même que tu n’en pouvais plus de lire ces «lettres pleines de mots vides à propos de sentiments aussi clichés», et ce sont tes propres mots. Vraiment! finit-elle en se levant, voulant prendre congé de son ami au plus vite. Si c’est une farce que tu voulais me faire, hahaha, bravo, très réussi, je t’ai cru du début à la fin. Tu me raccompagnes à la porte ou tu me laisses trouver le chemin toute seule? Antoine? Antoine!

L’interpellé sortit de sa réflexion et regarda son amie sans la voir. Ses yeux exprimaient une peur indicible, ainsi que de la curiosité et de l’étonnement. Comment était-ce possible?!?

-Catherine... Tu as lu la signature?
-Mais oui! C’est signé «De ton Roméo au cœur transi, Charlinou, xxx», lança-t-elle, toujours frustrée d’avoir embarqué dans cette blague de mauvais goût. J’ignore qui est Charlinou, et je ne veux pas le savoir.
-Charlinou était le surnom de Charles-Isidore Maupacenou, habitant le 153, rue de la Marquise, dit Antoine dans son état second.

Catherine lâche un soupir exaspéré. Elle était persuadée que son ami voulait encore la faire marcher, et elle n’en pouvait plus. Son ton de voix devint franchement désagréable au fur et à mesure qu’elle parla.
-Oui, et puis? J’ignore qui est Charles-Iisitruc de la Manchedepelle, d’accord? Je ne te trouve pas drôle du tout, Antoine! Et si je crois bien me souvenir, lorsque nous jouions à Ouija, tu t’arrangeais pour fausser les résultats en faisant bouger toi-même la plaquette! Si tu connais l’adresse de ce garçon, pourquoi tu ne lui renvois pas sa lettre?!? Maintenant, je suis tannée, Antoine, tu m’entends? Fatiguée de tes jeux! Je retourne chez moi!!! dit-elle en se dirigeant vers la porte à grandes enjambées. Un cri d’Antoine la retint.

-Non! Catherine, reste! Je dois te dire toute l’histoire, s’il te plaît, reste! cria-t-il à son amie, sortant de sa sorte de transe et se levant à son tour. Charles-Isidore Maupacenou a habité au 153 rue de la Marquise avec sa femme jusqu’à temps qu’il s’embarque pour New-York en vue d’aller quérir un gros héritage. Il est dit qu’il eut une correspondance fournie avec sa femme, mais qu’elle ne lui répondit jamais. Persuadé qu’elle s’était enfuie avec un amant, il resta à New-York et dilapida sa fortune avant de mourir de causes plus ou moins expliquées. Sa femme, quant à elle, n’a jamais reçu les lettres de son mari, a crut qu’il l’avait laissé pour refaire sa vie à New-York et, le cœur brisé, a vendu la maison et toutes ses affaires avant de donner l’argent à une œuvre et de se suicider. La maison devint...le bureau de poste où je travaille aujourd’hui, finit-il d’une voix basse.

Les deux amis restèrent prostrés un instant, réfléchissant à cette histoire, puis Catherine vint rejoindre son ami lentement. Devait-elle lui faire confiance, ou était-ce une autre ruse?

-Et comment es-tu au courant de cette histoire? Je n’en ai jamais entendu parler dans les journeaux...
-Ça c’est passé entre les années 1940 et 1960, alors c’est normal qu’on en parle plus aujourd’hui. Je l’ai lu sur une plaque au bureau de poste, un jour peu j’avais peu de travail... La question est : comment se fait-il que je reçoive aujourd’hui ces lettres? Je n’avais pas réalisé avant que l’adresse était l’ancienne du bureau de poste, mais avec la signature, le fait m’est revenu en tête. Qu’est-ce que ça veut dire?
-Ça veut tout simplement dire que le courrier a été bloqué pendant quarante ans, c’est tout, il n’y a pas de quoi en faire un plat... La lettre en elle-même n’a rien de particulièrement génial, si tu veux mon avis. N’importe qui aurait pu en écrire une pareille, termina Catherine, l’air confiance en sa théorie, mais Antoine ne l’entendait pas de la même oreille.
-Et si c’était vraiment Charles-Isidore qui m’envoyait ces lettres pour que je les fasse suivre à sa femme? Pour qu’ils se réconcilient dans l’au-delà?

À cela, Catherine soupira. Le voilà qui recommençait avec ses lubies de vieux sénile...
-Antoine, les morts ne peuvent pas écrire de lettre, d’accord? Ils ne peuvent pas! Alors, si ça ne te dérange pas, je vais retourner chez moi car il commence à faire sombre et j’ai des trucs à faire.

Antoine reconduisit son amie à la porte et la regarda descendre les escaliers et sortir dans la rue. Il referma doucement la porte, la verrouilla et retourna s’installer sur le divan pour réfléchir. Se pouvait-il réellement que les morts lui écrivent? Et pourquoi à lui, d’abord? Que pouvait-il y faire? Le jeune homme resta éveillé une bonne partie de la nuit sans trouver de réponses à ses questions, toujours plus nombreuses.

Le lendemain matin, il alla à son travail comme à l’habitude, n’ayant pas répondu à son dilemme intérieur. Sur son bureau l’attendait la pile habituelle de courrier n’ayant pas pu être distribué, et comme d’habitude il le tria de façon machinale, son esprit focusé sur un autre problème. Il espérait secrètement recevoir une autre «lettre morte», mais la journée se passa sans qu’il en reçoive une seule. De retour chez lui, après sa journée de travail, il vaqua à ses occupations routinières lorsqu’un doute le prit. Il retourna dans son salon, où il avait laissé la fameuse lettre, et jeta un coup d’œil sur la table. La lettre n’y était pas! Des pensées lui vinrent, les unes plus folles que les autres, lorsqu’il se souvint l’avoir échappée et l’avoir laissé sous la table. Dans un état de tension extrême, il se pencha au niveau du sol, et soupira. La lettre était là, comme il l’avait laissé la veille. Mais à quoi s’était-il attendu? Ce n’était rien d’autre qu’une feuille de papier! Il prit la lettre et son enveloppe, les déchira consciencieusement et les mit à la récupération. Ce n’était qu’une lettre, après tout.
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