La quête des Crystales
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La quête des Crystales

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 10, rue de la Gloire

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AuteurMessage
Lenya
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Lenya


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MessageSujet: 10, rue de la Gloire   10, rue de la Gloire EmptyMer 3 Mai à 20:17

10, rue de la Gloire

26 décembre 20..
Je m’appelle Sylvain Longrine, et j’ai été témoin...non, je ne peux même pas me forcer à le coucher par écrit. C’était si incroyable, tout ceux à qui je l’ai raconté m’ont traité de fou, il est certain que ceux qui me liront penseront la même chose. Je ne peux pas. Non. Non!

27 décembre 20..
C’est encore Sylvain. Je dois le dire à quelqu’un, sinon je deviendrai réellement fou, et je ne peux pas risquer de perdre le peu de crédibilité qu’il me reste. C’est vital; je dois survivre et leur prouver à tous...je le dois... Tout commença peu de temps avant Noël, le 23 décembre. Je...ah, et puis zut! Je ne peux pas!

29 décembre 20..
La fièvre s’est emparée de moi, j’ai des boutons purulents, les médecins sont perplexes devant mon cas. Peut-être suis-je fou, finalement? On m’a installé dans une petite pièce aux murs blancs, sans fenêtres, avec quelques draps par terre. Je suis «sous observation», qu’ils disent. Mais qu’est-ce qu’ils veulent observer? Qu’est-ce qu’ils veulent voir? Je sais bien que ça marche comme ça, avec les médecins : si on leur donne la réponse qu’ils veulent, tout va pour le mieux. Mais qu’est-ce qu’ils veulent??? Ils font plein d’analyses et de tests, je me demande quels en seront les résultats...

30 décembre 20..
Je peux à peine soulever mon stylo, je puise la force d’écrire dans mes dernières ressources, il est clair que je ne peux pas vivre une semaine de plus. Mais comment soulager mon esprit de cette horreur qui l’empoisonne et empoisonne mon corps par la même occasion? Les docteurs ont déclarés mon cas incurable, ils me donne quatre jours à vivre, et m’ont déplacé dans une jolie chambre -sans fenêtre. Eh bien, moi je sais, moi je sais que je ne vivrai pas quatre jours, car nous sommes le 30 janvier aujourd’hui, je sais que je ne vivrai pas quatre jours. Mais si seulement je savais si j’étais fou, je pourrais mourir en paix!!!

31 décembre 20..
Ça y est, mon heure approche. Ils ont eu la mauvaise idée de mettre une horloge à aiguilles sur ma table de chevet, tout près de mon oreiller, alors en tout temps, éveillé ou endormi, j’entends toujours les mêmes «tic...tac...tic...tac...» qui me poursuivent et me rappellent méchamment que ma fin est proche. J’ai décidé, puisque ma mort m’attend, d’occuper l’heure qui me reste à vivre et je vais coucher sur papier les événements qui m’ont hantés ces dernières semaines. J’ai un regain d’énergie, ma fièvre a régressée, les infirmières me regardent avec une lueur de pitié qu’elles essaient de me faire avaler comme étant de l’espoir. Moi je sais...et vous le saurez bientôt, tous autant que vous êtes! Comme je l’ai dit avant, tout commença le 23 décembre, alors que je quittais le magasin où je suis commis, pour retourner chez moi. Comme chaque soir, je suis allé attendre l’autobus qui me déposerait près de mon bloc appartement lorsque je me suis rendu compte que j’avais oublié mon portefeuille dans le local des employés. En colère contre mon oubli –j’étais peu habitué à faire des oublis de ce genre, j’étais une personne si ordonnée- je me suis dépêché de retourner dans le local et de ramasser mon portefeuille. Finalement, en retard de quelques minutes, je suis dirigé à nouveau vers l’arrêt d’autobus, pour constater qu’elle m’avait devancé et me filait sous le nez! Comble de malchance, le chauffeur ne me vit pas faire de grands gestes en courant derrière l’autobus et continua sa route. Découragé, j’ai arrêté cette poursuite vaine et j’ai commencé à marcher vers ma demeure. Le vent était froid, et je n’avais qu’un petit coupe-vent pour me protéger de ses morsures. De plus, comme il était dépassé six heures, l’obscurité régnait autour de moi, chassée seulement où des lampadaires veillaient fièrement et parsemaient les rues de ronds blancs. J’ai dû marcher pendant une trentaine de minutes, perdu dans mes pensées, avant de m’apercevoir que je n’avais pas emprunté la bonne rue et m’étais retrouvé dans un quartier tout à fait inconnu. Ici, les lampadaires étaient moins nombreux, et ceux qui étaient là donnaient l’impression de céder du terrain à l’Ombre et de se courber devant sa puissance. C’était l’idée que je me fis d’eux, soumis et faibles, et un frisson me parcourut l’échine et me dressa les cheveux sur la nuque. En regardant ces événements avec du recul, je me demande si ce n’était pas mon intuition qui était à l’œuvre, mais je me pose surtout la question suivante : pourquoi, en constatant mon erreur, n’ai-je pas fait le chemin inverse? J’aurais pu retourner sur mes pas un bon nombre de fois lors de cette triste aventure, mais Dieu seul sait pourquoi je ne l’ai pas fait. Peut-être qu’un vent de folie souffla sur moi ce soir-là? Enfin, il est définitivement trop tard pour tous ces questionnements. Tic...tac...tic...tac...tic...tac...je dois continuer. Lorsque je me suis rendu compte de mon erreur, j’ai décidé de continuer sur ma lancée et de marcher jusqu’au bout de cette rue, dont j’ignorais l’existence jusqu’à présent. J’habitais une grande ville depuis peu de temps, alors plusieurs de ses quartiers m’étaient encore inconnus. Personne ne m’attendait chez moi, le lendemain était jour de congé, alors qu’est-ce qui aurait pu me retenir de prendre une petite marche de santé? Si j’avais su ce qu’elle ferait à ma santé, cette marche, je ne me serais même pas levé ce matin-là! Néanmoins, je l’ignorais à ce moment, alors je me suis engagé sur la Rue de la Gloire, cette rue même qui m’avait donné froid dans le dos quelques minutes auparavant. Les noms de rue m’ont toujours grandement fascinés, et je dois avouer que je suis un peu superstitieux de ce côté –c’est bien là mon seul vice. La preuve, j’ai refusé un superbe logement à prix réduit situé sur la Rue Louis XVI (ce roi qui s’est fait décapité durant la Révolution Française) pour en louer un, au prix démesuré pour le confort, sur la Rue de l’Avenir. Tic...tac...tic...tac...le temps passe si vite, trop vite! En lisant Rue de la Gloire, je me suis donc amusé à imaginer des scénarios divers, mettant en scène des bourgeois et leur entourage. Je trouvais cela bien drôle, jusqu’à ce que j’arrive au bout de la rue; un cul-de-sac. Il me faudrait donc marcher tout le chemin inverse! J’ai soupiré et levé les yeux au ciel, pour voir mon regard attiré la dernière maison de la rue. Le numéro 10. C’était une maison bourgeoise, avec des corniches et une tour à l’arrière. Une balançoire blanche était suspendue à la véranda qui me faisait face. La maison était en bardeaux blanc gris, à cause de l’usure, et le toit était déformé à un endroit, mais le tout était encore très joli, et ce qui me frappa fut l’aspect de la tour : entièrement en pierres grise, cet arbre de pierres avait conservé un air grandiose et inquiétant. Les fenêtres dont elle était dotée me regardaient de leurs orbites vides, me tentant et me défiant à la fois d’entrer dans leur ventre. Je saisis leur appel, et, sous le charme de je ne sais quelle folie ou maléfice, y répondis en entrant dans la maison. Elle me paraissait abandonnée, et je ne voyais pas le mal qu’il pouvait y avoir à la visiter... Je fis bien attention de refermer la porte grinçante derrière moi, pour éviter de me faire voir, car j’avais tout de même un peu peur d’être dans l’illégalité. Ce sentiment m’emplissait d’excitation et de joie, cette joie de braver l’autorité qui guide nos actions lors de notre puberté. J’ai fait quelques pas sur le vieux plancher de bois, pour découvrir qu’il ne grinçait pas autant que je m’y serais attendu. J’étais dans une sorte de vestibule des années 1900, avec une penderie à ma gauche, une petite table et un miroir à ma droite, un escalier qui montait à l’étage un peu plus loin vers ma gauche et un long couloir. Comme le but que je m’étais fixé était de me rendre dans la tour, j’ai décidé de ne pas monter à l’étage, ce qui m’éloignerait de mon profit. J’ai donc parcouru le corridor dans sa longueur, suivant ses nombreux méandres dans la maison, ouvrant une porte par-ci par-là pour tenter de me dresser un plan dans ma tête. Une quinzaine de minutes après mon entrée dans la maison, j’ai pénétré dans un salon qui donnait sur la cour arrière, et quel ne fut pas mon étonnement lorsque je vis que j’avais dépassé la tour! Dire que j’avais pris mes précautions pour la garder devant moi, la voilà qui m’apparaissait plusieurs mètres sur la droite! J’ai rebroussé chemin, sortant du salon et cherchant une porte qui me conduirait au passage de la tour, mais aucune ne m’était accessible. Je commençais à avoir faim, et la fatigue ne contribuait pas à me redonner ma bonne humeur naturelle, mais il était hors de question que je reparte avant d’avoir mis un pied dans cette tour! Ç’aurait été m’avouer vaincu, et malgré le fait que ce pacte n’était que dans ma tête, je ne voulais pas le perdre. «Je sortirai vainqueur ou je ne sortirai pas!» lançai-je à la maison, et ma menace flotta autour de moi plusieurs secondes. L’air autour de moi sembla se compresser, et mes oreilles commencèrent à bourdonner légèrement. J’avais un vague mal de tête, et je me surpris à penser que la maison tentait de m’intimider de cette façon, puis j’ai éclaté de rire. La maison, m’intimider? Comment cela pourrait être possible, ce n’était qu’une maison! Cependant, aussi solide que mes arguments me semblèrent en esprit, mon rire ne dura pas longtemps. De plus en plus nerveux, je me suis mis à chercher un escalier vers le sous-sol, car peut-être la solution se trouvait-elle là? Je mis relativement peu de temps à trouver la cage d’escalier- ma montre s’étant arrêtée, j’ignore à quel moment de mon aventure- et l’ai empruntée hâtivement. Des frissons me parcouraient sporadiquement les épaules et la nuque, remontant à la base de mes cheveux, et cela contribuait à alimenter mes craintes futiles et mon imagination débordante. Bientôt, je ne vis plus où j’avançais, car j’avais oublié de me munir d’une torche électrique ou d’une chandelle. Le rez-de-chaussée était assez éclairé par la lune pour que je m’y retrouve, mais celle-ci ne parvenait pas jusque dans les tréfonds de cette boîte au trésor dans laquelle je m’étais jeté, pieds et poings liés. Boîte au trésor, ou antre du démon? J’ai chassé la pensée de mon esprit, l’occupant à quelque chose de plus utile : comment m’éclairer? J’aurais toujours pu remonter, mais cela revenait au même que déclarer mon échec à mes yeux, et je me suis obstiné à trouver mon chemin dans un noir d’encre, les mains tendues devant moi et les oreilles à l’affût. J’ai fini par rencontrer un mur froid et humide, et, laissant le bout de ma main droite le frôler, j’ai continué mon chemin vers ce que je croyais être la tour. J’avançais lentement, et mes yeux finirent par s’habituer un peu à l’absence de lumière, me permettant de distinguer de façon confuse mon environnement. Je m’étais retrouvé dans le débarras de la maison, et il m’arrivait fréquemment de heurter un meuble ou de frapper des objets répandus sur le sol inégal. À un moment, ma voie fut bloquée par une étagère, sur laquelle j’ai trouvé un briquet, que j’ai utilisé pour me guider. À partir de ce point, j’ai trouvé la porte rapidement, et en l’ouvrant, j’ai su que c’était la bonne porte. Un courant d’air froid m’enveloppa et me vola ma chaleur, et j’ai tout de suite vu que le sol était en pierre de l’autre côté. Un sentiment de fierté m’envahit et me réchauffa le cœur –pas les doigts, malheureusement- et, aussi digne que Cartier lors de la prise de possession du Canada, j’ai passé le seuil. Oh, comme je souhaite ne jamais l’avoir fait! Comme je souhaite n’avoir jamais posé les pieds dans cette horrible maison! Tic, tac, tic, tac, tic, tac... Dès que mon pied se posa sur la pierre froide et dure, un lointain sifflement se fit entendre, mais moi, dans ma crânerie enfantine, je n’y ai pas porté attention. Ce sifflement devint de plus en plus insistant, prenant de la vigueur, s’approchant, mais moi, oh pauvre de moi, je n’écoutais pas. Gonflé de mon arrogance, je me suis engagé sur les premières marches qui montait à l’étage, pour bien faire comprendre à la tour que j’avais gagné notre pari, et c’est à ce moment-là, un pied sur la deuxième marche et l’autre sur la troisième, que je l’entendis. Le sifflement. Ce n’était plus simplement du vent, c’étaient les cris des cent mille damnés de l’Enfer, c’étaient les hurlements de tous les condamnés à mort, c’étaient les clameurs de tous les traîtres de ce monde; tout ceci, je l’entendis en quelques secondes, et j’ai compris que si ce souffle me happait, c’en était fini de moi. Je me suis retourné vers la porte de la tour, mais avant même d’avoir pu esquisser un autre mouvement, l’horreur : elle se referma devant mes yeux, à seulement quelques mètres de moi! Figé, je l’ai regardé s’enclencher, m’enfermant avec comme seule lumière mon briquet- piètre ami qu’il était devenu- et ce vent des ténèbres qui s’approchait toujours plus, prenant son temps, profitant du moment, pour me faire réaliser que c’était ce qu’il avait prévu depuis le début, depuis ma tentation. Sans conviction, je suis allé pousser sur la porte, mais comme il n’y avait aucune poignée de ce côté-ci, c’était peine perdue. Tassé dans mon coin, j’ai observé l’escalier, sachant que ma condamnation viendrait de là, et j’ai attendu. Je n’avais aucune notion du temps qui passait, mais si on m’avait dit que j’ai attendu trois cents ans, je l’aurais cru volontiers. Pendant cette attente, une foule de choses me vinrent en tête, toutes plus inutiles l’une que l’autre. Je pensais qu’au moins, je n’aurais pas à passer un autre Noël seul, que j’aurais pu inviter mes parents à venir fêter avec moi cette année, que la secrétaire de mon patron était bien jolie, que rien de tout cela ne serait arrivé si je n’avais pas manqué l’autobus. Ou plutôt, si je n’avais oublié mon portefeuille, que je gardais toujours sur moi habituellement... Ce fait me frappa brutalement : je ne me rappelais aucunement d’avoir sorti mon portefeuille de ma poche, et pourtant il s’était retrouvé dans la salle des employés. Était-ce une preuve que mon esprit se dégradait, ou alors l’accomplissement du pouvoir infernal de la Tour? Je pensais de plus en plus à la Tour comme d’une entité démoniaque et toute-puissante, et je ne savais pas comment j’allais lui faire face. Finalement, après cinq éternités d’attentes ou deux minutes, je sentis que le moment arrivait. Que la Tour arrivait. Je vis le vent se matérialiser devant moi, prenant l’aspect d’un brouillard laiteux, où s’est formé- ma main tremble à ce souvenir- un visage humain. Lorsque je m’en suis aperçu, une douche glacée m’a parcouru l’échine et j’ai ouvert la bouche pour crier, mais aucun son ne sorti. Je ne pouvais plus bouger, il me semblait que je resterais dans cette position pour toujours, les yeux exorbités, la bouche béante, les membres repliés et tous mes muscles crispés. Le visage qui me regardait, le regard aussi vide que celui que j’avais vu de l’extérieur de la Tour, arborait une expression de féroce contentement et de triomphe. Ses lèvres bougèrent, et, écoutant cette voix satanique, j’ai regardé à l’endroit désigné : à mes pieds. Une partie de moi discerna les contours d’une dalle faisant penser à un pierre tombale, et j’ai lu ce qui était écrit dessus :
Oscar Sandersfield, 1er janvier 1973-1er août 2005
Patricia Beauplateau, 1er février 1974-1er octobre 2006
Quentin Delaroche, 1er mars 1975-1er novembre 2007
Rachel Labelle, 1er avril 1976-1er décembre 2008
Sylvain Longrine, 1er mai 1977-1er janvier 2009
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